DECLARATIONS DU PORTE-PAROLE - POINT DE PRESSE DU 16 JANVIER 2007

(Le Monde affirme aujourd’hui que la France s’apprête à envoyer la semaine prochaine un émissaire de haut niveau à Téhéran pour discuter principalement du Liban. Pouvez-vous confirmer ce projet ?)
J’ai pris connaissance de cet article du Monde.
Je voudrais simplement rappeler les principes qui nous guident vis-à-vis de l’Iran.
Le premier principe est que nous sommes pleinement solidaires de la communauté internationale sur le dossier nucléaire iranien et que nous sommes très attachés à la mise en oeuvre des résolutions de l’AIEA et du Conseil de sécurité des Nations unies.
Le deuxième élément est que nous attendons de l’Iran qu’il contribue à la stabilité de la région et nous considérons qu’il peut être utile d’avoir un dialogue avec ce pays sur ces questions.
L’article fait mention d’un éventuel déplacement du ministre qui aurait été envisagé à une certaine période. Ce que je peux dire là-dessus est qu’aucune décision n’a été prise et qu’une telle décision ne serait prise qu’en consultation avec nos partenaires, en particulier avec les pays de la région.
Pour ce qui est de l’envoi d’un émissaire, il y a une réflexion qui est en cours. Mais là aussi, à ma connaissance, aucune décision définitive n’a été prise. La réflexion en cours tient compte notamment des engagements tangibles qui pourraient être obtenus de la part de l’Iran à l’occasion d’une telle visite.
En tout état de cause, l’objet d’un éventuel dialogue avec l’Iran serait de réaffirmer nos positions sur les questions régionales. Vous avez évoqué le Liban, mais c’est également vrai pour Israël, pour le droit d’Israël à exister et également pour le conflit israélo-palestinien.
(...)
(Si je comprends bien, le dossier nucléaire se trouve maintenant à l’ONU. Donc, ce sont les Six qui le traitaient avant et maintenant c’est passé au Conseil de sécurité. Donc, si l’Iran doit traiter avec quelqu’un, c’est en principe avec le Conseil de sécurité, pas avec M. Solana, sauf s’il est envoyé en mission spéciale pour prendre la température du côté iranien ? Mais je ne comprends pas une initiative française parallèle qui traiterait de dossiers régionaux à un moment où l’Iran est isolé du Conseil de sécurité.)
Il y a plusieurs choses dans ce que vous dites. D’abord, quel est le canal sur le dossier nucléaire ? Il ne faut pas oublier que, quand l’offre a été remise aux Iraniens sur le dossier nucléaire, elle a été remise par M. Solana qui s’exprimait au nom des trois Européens mais aussi au nom des Six et donc, en quelque sorte, au nom de la communauté internationale.
Ensuite, si les Iraniens décidaient de revenir au dialogue et de faire part d’évolutions sur le dossier nucléaire, ce canal existe et peut être utilisé. Il est évident qu’il y a aussi le canal du Conseil de sécurité et du secrétaire général des Nations unies mais jusqu’à présent, sur le dossier nucléaire, c’est plutôt le canal de M. Solana qui a été utilisé.
S’agissant du deuxième aspect de votre question, nous sommes totalement solidaires de nos partenaires et nous considérons que le canal de négociation est un canal multilatéral.
Pour ce qui est du dialogue sur les questions régionales, nous estimons qu’il peut être utile d’avoir un dialogue avec l’Iran dans certaines conditions et, encore une fois, à condition que cela puisse déboucher sur des résultats tangibles et sur des engagements tangibles.
Je vous rappelle d’ailleurs que le ministre avait rencontré M. Mottaki au Liban au mois d’août et ils avaient surtout parlé des questions régionales. Je vous rappelle que le ministre avait revu M. Mottaki en septembre, à New York, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies.
Le dialogue avec l’Iran existe sur ces questions et, par ailleurs, c’est rappelé aussi dans l’article du Monde, il y a un certain nombre d’émissaires iraniens qui ont rencontré des responsables français.
(Avec la montée en puissance des menaces américaines à l’encontre de l’Iran, cet émissaire français mentionné dans Le Monde rappelle un peu les émissaires qui ont été envoyés en Irak en 1991 et en 2003. La France pense-t-elle qu’il y a un risque de confrontation actuelle entre l’Iran et les Etats-Unis, pour ne pas dire la communauté internationale ?)
Je ne pense pas qu’il faille faire ce genre de parallèle. Ce qui est clair, du côté français, et nous l’avons dit à plusieurs reprises, est que nous souhaitons une solution diplomatique, notamment pour ce qui est du dossier nucléaire. Nous ne souhaitons pas une confrontation. Nous souhaitons que les choses puissent se régler à travers le dialogue avec l’Iran. Nous l’avons dit à plusieurs reprises, c’est notre vision des choses et nous nous en tenons à cela.
(Mais n’y a-t-il pas un risque de confrontation dans l’état actuel des choses ?)
Ce n’est pas à moi de dire s’il y a un risque ou non. Manifestement, une certaine tension existe et notre souhait n’est pas de déboucher sur une confrontation, mais de travailler à un dialogue avec les Iraniens sur la question nucléaire à travers les canaux qui existent et puis, également, sur les questions régionales.
(Peut-on discuter avec l’Iran des problèmes politiques de la région sans aborder le problème nucléaire ?)
Encore une fois, il ne s’agit pas de faire abstraction du problème nucléaire. Tout le monde considère que le problème nucléaire est un dossier très sérieux qui a donné lieu à l’adoption de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité.
Je vous rappelle qu’il y a un rendez-vous qui est fixé dans la résolution 1737 au bout de 60 jours avec un rapport de l’AIEA. Il ne s’agit donc aucunement de faire abstraction de ce dossier nucléaire qui est bien sûr un dossier très important, mais qui est traité à travers un cadre multilatéral, à travers le Conseil de sécurité, à travers M. Solana.
Ce n’est pas à nous Français de négocier ou de discuter en profondeur de ce dossier avec les Iraniens. Mais, par ailleurs, il y a d’autres questions sur lesquelles nous estimons que, dans certaines conditions et s’il y a la perspective d’obtenir des résultats tangibles, un dialogue bilatéral avec les Iraniens peut être utile.
(...)
(Et si vous engagez un dialogue de cette sorte avec l’Iran sur les questions régionales, pourquoi ne pas envisager un dialogue aussi avec la Syrie, qui a son mot à dire sur un certain nombre de problèmes régionaux, que ce soit l’Irak, le Liban ou d’autres ?)
Je ne crois pas qu’il faille forcément faire un parallèle entre les deux pays. Chaque cas est différent. Dans le cas de la Syrie, on sait bien ce que l’on attend de la Syrie, nous l’avons dit à plusieurs reprises, elle sera jugée sur ses actes. Nous n’excluons pas pour l’avenir l’idée d’un dialogue avec la Syrie. Comme cela a été dit par le président de la République et par le ministre, il faut que la Syrie respecte un certain nombre d’engagements très précis que l’on connaît.
(L’Iran aussi doit respecter un certain nombre d’engagements très précis ?)
Oui, mais nous estimons que l’Iran a un rôle peut-être un peu particulier pour la stabilité régionale. Encore une fois, cela ne remet pas en cause les engagements qui sont attendus de l’Iran sur le volet nucléaire, c’est parfaitement clair. Cela ne remet pas en cause les positions qui sont les nôtres sur Israël, et qui seraient rappelées très clairement dans le cadre d’un tel dialogue. Mais nous pensons que ce dialogue peut être utile, avec la perspective d’obtenir certains résultats tangibles.
(...)
(C’est un émissaire de l’Elysée qui partira ?)
Je n’ai pas d’indication spécifique là-dessus. Ce serait un émissaire français qui serait envoyé là-bas sur décision du président de la République. Mais, encore une fois, la décision n’est pas définitivement prise.

Dernière modification : 24/01/2007

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